"Charles F. Haanel (1886-1949) fut un homme d'affaire américain éminent qui, ayant établi l'une des plus grandes sociétés au monde à l'époque, écrivit plusieurs livres partageant sa philosophie et ses techniques du succès personnel et commercial.
(...) Il est dit que ce livre fut vendu plus de 200 000 exemplaires avant d'avoir été supposé interdit par l'Eglise en 1933 et caché pendant 60 ans. (...)
The Master Key System, (La clé de la maîtrise), est une présentation unique en 24 leçons du pouvoir créateur de la pensée. Il enseigne les principes ultimes, les causes, les effets et les lois qui sous-tendent tout accomplissement et tout succès."
Autrement dit, La clé de la maîtrise tend à décrire un mécanisme général qui prévaut sur toute croyance. Quelle que soit la volonté, l'idéal, la finalité, l'action et donc le pouvoir obéit à un déterminisme psychologique. Celui-ci va alors à l'encontre des déterminismes de type religieux, qui demandent de laisser le "comment" à la discrétion du tout-puissant. C'est bien ce "comment", qui parle du pouvoir de l'homme avant tout, qui a valu à Giordano Bruno son sort. La même omerta, la même raison de déranger... car c'est la même science. "L'art d'obtenir des effets en accord avec la volonté", qui était la définition de la magie donnée par Marsile Ficin (avant que Disney en donne une autre définition), est trait pour trait l'objet de se livre écrit par un homme d'affaire du début du XXe siècle, rangé au rayon "Développement personnel" de la Fnac.
Quelque part, on sent bien à la lecture du titre, sans avoir en tête tout ceci, que le type qui l'a écrit se prend pour un guru. "La clé de la maîtrise" résonne un peu dans les tréfonds de nos mémoires comme "La clavicule de Salomon".
Mais un homme d'affaire c'est sérieux, la psychologie c'est sérieux, et surtout le compte en banque de l'homme d'affaire qui causait psycho, c'est autre chose comme résultat que de voire apparaitre Salomon en slip sur son balcon.
[Interlude]
Timothy Leary, (deary), arrêté par le FBI.
De Platon à Haanel en passant par Machiavel et Goethe, tous ces fous furieux ont-ils fabulé ou tous ont-ils compris quelque chose d'extraordinaire ?
La réponse est peut-être à mi-chemin, si l'on considère qu'une chose extrêmement banale puisse déranger. De deux, il s'agit bien de fabulations, mais conscientes. Reconnaître la force des illusions est le credo de tous ces personnages. Levi, celui qui a plus ou moins vu Salomon en slip, explique bien qu'il sait que ce n'était pas réel, et qu'il n'a jamais essayé de faire apparaître quelqu'un, mais que c'était "le rêve volontaire d'un homme éveillé". Connaître et maîtriser ses désirs (Platon), ses rêves (Goethe), jusque ses hallucinations (Levi, Leary, les shamans, Diaz de la Peña, tous ces drogués), pour se maîtriser. Cela revient cependant à conclure qu'il n'y a pas de mystère absolu, mais seulement une force potentielle à chaque illusion. D'où le bûcher.
Quelle importance ?
1) Les coachs "à la pointe" du développement personnel disent la même chose que les occultistes sérieux, mais sans le risque de s'embourber dans la fascination des symboles.
2) Ces coachs ne sont pas à la pointe de quoi que ce soit.
To be continued.